20 avril 2010

Guide de vannerie: récolte, période et techniques

Si vous êtes intéressés par la vannerie, ou si vous faites déjà de la vannerie, voici un guide qui pourra vous mener un peu plus loin dans vos réalisations et vos explorations. Ce n'est pas complet et il se peut qu'il y ait certaines erreurs. Dans tous les cas, je vous invite à me contacter si vous avez des questions.

Vous pouvez télécharger la version imprimable ici: vannerie.pdf

Techniques et matières

Spiralée à colombins

Matières pour faire le colombin

Carex: plante commune que l'on retrouve un peu partout, sur les rives, clairières ou forêts humides. Plusieurs espèces de différentes longueurs (on veut les plus longues possibles!). Voici carex appalachica. Une fois cueillies, on attache les tiges ensemble et on les fait sécher.

Quenouille: plante qui commence à se faire rare à cause du malfaisant roseau commun qui s'installe dans son territoire et empêche toute forme de vie diversifiée (voir dans nos archives à ce sujet). Voici typha latifolia. On cueille dans les marais les grandes feuilles en les coupant à la base, on ne prend pas toutes les feuilles du plant, si possible, et on ne cueille que les plants sans l'épi brun (la fleur). On étend les feuilles sur un moustiquaire pour les faire sécher (si possible), car elles moississent facilement.

Scirpe (jonc): on l'appelle souvent jonc, mais son nom est scirpe, de son nom latin scirpus. On la retrouve dans les clairières humides et sur les rives. Peut être difficile à trouver en quantité, mais quand on trouve le bon endroit, on est gâté! Comme pour la quenouille, il ne faut pas trop en prendre, il faut laisser une chance au plant de se reproduire et de se regénérer. Voici scirpus lacustris. On sèche les tiges comme le carex.

Aiguilles de pin: arbre de la famille des conifères que l'on trouve dans les forêts. Les aiguilles de nos pins indigènes ne sont pas très grandes, contrairement à celles des pins du sud des États-Unis. On peut par contre cueillir les aiguilles des pins ornementaux, qui sont assez longues pour de petits projets. On les trouve partout dans nos villes, dans les parcs urbains. On les cueille sur l'arbre ou par terre au début de l'automne.

Matière pour lier les colombins

Écorce de tilleul: bel arbre de nos forêts qui est abondamment utilisé à titre ornemental. Voici tilia americana, jeune. Dans les érablières, on en trouve beaucoup et on doit surtout chercher de jeunes arbres (la fibre est plus fine et plus souple). Pour récolter de l'écorce, on a plusieurs options: couper l'arbre, couper une grosse branche ou retirer de l'écorce directement sur l'arbre. Personnellement, j'essaie de trouver des gros gourmands (d'un diamètre d'environ 3 pouces et longs d'au moins un mètre) au pied d'arbres matures et je les coupe. Si c'est fait vers la fin du printemps, l'écorce se retire facilement de la branche, sinon il faut travailler plus fort! Pour procéder, je fais une entaille au bout de la branche afin de pouvoir lever l'écorce et tirer dessus. En partant du haut de la branche ou gourmand (c'est-à-dire l'extrémité de l'arbre), on retire l'écorce vers le bas en bandes le plus large possible. Une fois cette opération terminée, il faut faire tremper l'écorce dans de l'eau (courante si possible, comme un ruisseau) pendant environ 2 à 3 semaines. L'écorce pourra ensuite être séparée en plusieurs fines épaisseurs.

Comment procéder pour sécher les plantes ? Au soleil, méthode plus rapide et qui palit beaucoup pour donner une belle teinte jaune, beige ou dorée, selon la plante. À l'ombre, si l'on veut conserver le côté verdoyant des plantes (qui s'estompe avec les années).

Voici maintenant quelques exemples de paniers réalisés avec cette technique:
Brins cordés

Plantes pour faire de la corde

Asclépiade: plante qui peut atteindre plus d'un mètre et qui pousse surtout dans les champs, bien souvent sur les bords des autoroutes (on peut alors trouver plus d'une centaine de tiges). Voici asclepias syriaca. Une fois toutes nos tiges cueillies, il faut les fendre en deux sur la longueur et ensuite briser les deux moitiés en petites parties d'un pouce et demi pour en détacher la fibre. Si elles sont déjà sèches (cueillies en novembre), on n'a qu'à frotter les fibres sur sa cuisse afin de les assouplir et d'enlever l'écorce. Si elles sont vertes (septembre), on peut les faire tremper dans de l'eau courante (ruisseau) pendant environ une semaine (ou plus) afin de faire pourrir la fibre afin de la séparer de l'écorce.

Ortie des bois: moins grande que l'asclépiade et la tige est plus mince, on trouve cette plante dans les forêts et habituellement en grande quantité. C'est ma plante à fibre préférée, pour des raisons personnelles (il semblerait que les wendats l'appréciaient autant jadis). Pour la cueillette, on peut procéder de deux façons, comme pour l'asclépiade. Voici laportea Canadensis.

Dogbane: belle plante à tige rouge avec des feuilles qui ressemblent à celles de l'asclépiade, mais beaucoup plus difficile à trouver. Je n'ai trouvé qu'un endroit de cueillette et je crois que cette plante se fait de plus en plus rare au Québec. Voici apocynum cannabinum. On cueille cette plante en novembre et on extrait la fibre ensuite, qui se retire assez bien.

Écorce de tilleul: voir plus haut.

Plantes à corder directement

Quenouille: voir plus haut.

Scirpe (jonc): voir plus haut.

Quelques exemples de paniers réalisés avec cette technique:
Tissés

Écorce de thuya (cèdre blanc): un de nos plus beaux conifères ici au Québec, avec des feuilles très particulières et très odorantes. Voici thuya occidentalis 1, 2. On le retrouve dans les lieux humides et dans les meilleures conditions, on découvre une cèdreraie. On y trouve alors des centaines d'arbres et beaucoup de spécimens matures. Pour cueillir de l'écorce, il nous faut un arbre d'un diamètre semblable ou plus grand à celui d'un poteau électrique (ou de téléphone). Ceux-ci sont d'ailleurs habituellement fait de troncs de thuya. On débute la cueillette en faisant une fente horizontale dans l'écorce de la largeur que l'on veut, disons de 6 à 10 pouces. Il faut littéralement se rendre à l'aubier de l'arbre, afin de pouvoir détacher l'écorce de l'arbre. On détache doucement l'écorce sur toute la longueur de notre fente et on tire fortement vers nous. Si la sève circule, l'écorce se détachera vers le haut de l'arbre en diminuant de largeur de plus en plus, à la forme d'un V à l'envers. Selon votre expérience à l'arbre en question, vous aurez de quoi réaliser un panier de bonne dimension. IMPORTANT: il ne faut pas détacher l'écorce d'un arbre plus d'une fois et il faut s'assurer de ne prendre qu'environ le tiers du tour de l'arbre, afin de lui permettre de bien guérir. Voici un exemple d'une cueillette:


Frêne noir: arbre à feuilles composées que l'on trouve dans les milieux humides, voir marécageux. Voici fraxinus nigra. Il faut couper l'arbre en hiver, si possible, retirer l'écorce et marteler le bois pendant longtemps afin de séparer toutes les couches des années de vie de l'arbre. Faites vos recherches sur internet à ce sujet...

Quenouille: voir plus haut.

Écorce de bouleau: tout le monde connait le bouleau à papier et qui n'a jamais retiré un peu d'écorce fine qui ressemble à du papier? On trouve cet arbre dans les forêts mixtes, surtout vers le nord (Laurentides, Mauricie, Québec, Charlevoix). Voici betula papyrifera. Je tiens à vous mettre en garde pour la cueillette: si c'est mal fait, on risque de blesser l'arbre sans qu'il puisse s'en remettre. L'important, c'est de ne retirer qu'une partie de l'épaisseur de l'écorce. Après l'avoir enlevé, on doit voir une couche jaune/beige sur l'arbre. Si c'est plus foncé (rouge/brun), c'est qu'on a enlevé un peu trop d'écorce. On commence par faire une coupe peu profonde verticalement de la longueur désirée, ensuite on tire sur l'écorce et dans la bonne saison elle devrait se retirer très facilement de l'arbre. Certains font des autres coupures horizontalement, mais ce n'est pas toujours nécessaire.

Quelques exemples de paniers réalisés avec cette technique:
Style osier

Saule (Osier): petit arbuste/arbre avec des rameaux très flexibles qui sont utilisés à travers le monde dans la fabrication de paniers. Plusieurs variétés cultivées afin de produire de longs rameaux avec le moins de ramifications possibles. Oseraie, récolte. On peut le trouver dans les terrains humides, sur les rives. Le plus important est de ne cueillir que les tiges les plus longues ayant le moins de ramifications.

Hart rouge (cornouiller): aussi appelé osier rouge, le cornouiller stolonifère pousse dans les lieux humides et on peut habituellement en trouver en grande quantité. Le plus difficile est de cueillir des tiges longues et droites car, à l'état sauvage, il a tendance à faire beaucoup de ramifications. Une bonne habitude à prendre est de retourner au même endroit année après année, ce qui favorise une meilleure repousse pour nos cueillettes. Voici cornus stolonifera.

Certaines plantes grimpantes peuvent également être parfaites comme matériel lorsqu'elles sont longues et flexibles. J'ai eu la chance d'en cueillir une bonne quantité sur une clôture dans le parc Maisonneuve. Je crois qu'il est possible d'en trouver un peu partout en ville. N'importe quelle autre tige assez flexible peut être utilisée pour faire des paniers, il s'agit seulement d'expérimenter!

Quelques exemples de paniers réalisés avec cette technique:

Période de cueillette

L'année de cueillette débute, dans mon cas, toujours au printemps puisqu'il y a, à ce moment-là, beaucoup à cueillir, mais c'est une préférence personelle...

Avril - mai --> Écorce de thuya (cèdre blanc), écorce de bouleau

Mai - juin --> Écorce de tilleul

Juillet - août - septembre --> Carex

Fin août - septembre --> Quenouille, scirpe (jonc), asclépiade, ortie

Novembre --> Ortie, asclépiade, dogbane

Automne au printemps --> Hart rouge, saule, vignes

Il est à noter que ces périodes de cueillette peuvent varier selon les années et la température. Ce qui est important, c'est de s'assurer que la plante que l'on cueille soit prête:

Cèdre blanc: l'écorce se détache assez facilement seulement lorsque la sève circule dans l'arbre. Si elle se déchire, c'est qu'il est trop tôt!

Bouleau: tout comme le cèdre, l'écorce de détache toute seule au bon moment, il est donc préférable de faire un test avec une petite bande d'écorce.

Tilleul: même principe que pour le cèdre blanc.

Carex: on ne cueille pas des tiges sèches!

Quenouille: le bout de la tige devrait commencer à jaunir un tout petit peu.

Ortie, asclépiade et dogbane: la tige devrait être sèche et se fendre facilement (en automne)

Hart rouge, saule, vignes: on cueille des tiges seulement quand toutes les feuilles sont tombées, c'est plus facile comme ça!

Luc

3 commentaires:

  1. Génial comme infos, merci! J'ai commencé à récolter différentes fibres et je suis en train des faire sécher. Je vais avoir un beau terrain de jeu d'exploration pour l'hiver.

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