15 mai 2009

Gaspésie, mai 2005

Ah! La Gaspésie! En faire le tour à vélo, j'en rêvais depuis le début de mon adolescence. Près d'une année à rêvasser, à chercher, à planifier, à organiser, à magasiner... C'est que c'était notre premier grand voyage sur deux roues! Nous avions prévu 5 semaines pour en faire le tour et découvrir un coin de la Belle province...

Le grand départ était le lundi 16 mai 2005. Nous avions quitté Montréal en autobus à 10h00 et près de huit heures de route plus tard, nous arrivions finalement à Mont-Joli, à la grosse pluie battante. Vous auriez dû nous voir, en train de réinstaller notre roue de vélo avant et nos bagages! Il n'y a pas meilleur moyen pour amorcer une conversation avec les gens du coin!

Le lendemain, nous avons quitté Mont-Joli en passant par le "Vieux-Moulin - Vin de miel" à Sainte-Flavie-sur-mer, question de se faire une réserve de miel et bien évidemment... d'hydromel! J'ai pu humer, pour la première fois de ma vie - et à mon plus grand plaisir - l'air salin de la mer.

Sous un ciel fort nuageux, on s'est rendu à Métis-sur-Mer, une petite localité de +/- 600 habitants dans la période estivale. On voyait plusieurs maisons placardées et on commençait à se demander si ce n'était pas devenu un village fantôme; Luc aurait bien voulu aller faire quelques photos de tout ça... Jusqu'à ce qu'on se rende compte que les gens quittent la place pour l'hiver. Après avoir monté notre campement, nous sommes allés faire notre épicerie et en revenant, il s'est mis à pleuvoir fort! On a pu se mettre à l'abri pour souper, et on en a profité pour trinquer notre hydromel, qui était vraiment excellent.

Mercredi, on se dirigeait vers Matane. Notre départ s'est fait au sec, mais dans une brume très dense. Rendus à Saint-Ulric (10 km avant Matane), la pluie s'est mise de la partie, il pleuvait des cordes! On s'est pris une petite chambre de motel, question d'avoir un petit répit du froid, du vent et de la pluie. Notre chambre donnait sur le port de Matane, mais il y avait tellement de brouillard qu'on ne voyait absolument rien!

On croyait passer la journée de jeudi à Matane, mais on est finalement parti en direction de Cap-Chat. Il y avait encore plus de brouillard que la veille, et là, il pleuvait tellement que j'avais du mal à voir Luc en avant de moi (j'évalue qu'il y avait à peu près 100 mètres qui nous séparait). Et le froid qu'il faisait... Les gens du coin nous mentionnaient qu'il faisait plus froid que la normale saisonnière, soit environ 8 à 10 degrés sous la normale. Durant le jour, on avait des 4-5 degrés Celsius et la nuit, on approchait les -2 degrés. À plusieurs endroits, il y avait encore de la neige dans les fossés. Pas une fine couche, mais vraiment une grosse masse de neige à demie fondue!

On suivait la météo de façon très assidue, question de savoir à quoi s'attendre et pour se préparer psychologiquement. Comme il annonçait un peu de beau temps pour la journée de dimanche (il faut spécifier qu'un retour de la pluie était annoncé pour le lendemain...), on s'est dit qu'il vallait la peine de partir de Matane pour pouvoir se rendre au parc de la Gaspésie (2 jours à vélo) pour grimper le Mont-Albert pendant le beau temps.

On était à peine rendus à Sainte-Félicité (20 km de Matane), que nous étions gelés jusqu'à la moelle. Il y avait tellement de brouillard qu'on ne voyait même pas le fleuve - pour ceux qui ne le savent pas, la route 132 longe le fleuve, et on peut parler d'une distance de 100 à 200 mètres entre le fleuve et la route, la majorité du temps. On s'est mis à l’abri dans une vieille grange abandonnée pour dîner, mais aussi pour avoir un répit du vent glacial. Pour couronner le tout, on était complètement trempés...

En mangeant, on a remis le projet en doute : on avait beau avoir pédalé près de 200 km en 3 jours et être en forme, on n'avait presque pas vu les paysages, pas même l'horizon au bout de la mer... Et puis notre aventure, c'est du cyclo-camping, pas du cyclo-motel! Puis malgré le soleil qui aurait dû se pointer, les degrés, eux, seraient toujours aussi timides, selon Miss Météo.

Finalement, on s'est rendu à l'évidence : avant de se payer une pneumonie ou de l'hypothermie et que Luc avait déjà un bon un rhume, on a finalement conclu qu'il valait mieux se reprendre quand il fera plus chaud, en juillet ou en août. Pédaler à la pluie, ça peut être très agréable, mais pas à ces températures. Et il semblerait que les canicules ne soient pas chose très courante dans ce coin de pays.

Alors on a reporté le projet à une autre année. De toute façon, si j'ai été capable d'attendre 10 ans avant de réaliser mon rêve, ce n'est pas quelques années de plus qui m'empêcheront d'aller jusqu'au bout. On sait que notre équipement est drôlement imperméable (!), qu'on a respecté le principe du "voyager léger" - strict minimum, mais le strict nécessaire - et que si ce n'était pas du froid ni de la pluie incessante, on y serait toujours! Malheureusement, tout ce dont j'ai retenu de la Gaspésie, c'est qu'il fait froid, il pleut et on ne voit rien tellement il y a du brouillard... Elle ne nous aura pas, la Gaspésie, ce n'est que partie remise.

Comme j'ai déjà lu quelque part: "S'il est important de s'appuyer sur nos succès pour grandir, il faut surtout savoir s'inspirer de nos échecs."

1 commentaire:

  1. Ma chère Srephanie la Gaspoésie a tellement plus a vous offrir ...C'est certain qu'il faut retenter le voyage mais avec l'auto derrière les vélos juste au cas...La Gaspoésie se distingue surtout par la chaleur des coeurs. La température y est aussi changeante que l'humeur de la mer...mais au beau soleil c"est tellement beau qu'on voudrais y vivre pour toujours. Bises Lynexxx

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